CAPCOM s'emmêle les pinceaux
Véritable volonté de mener Street Fighter aux sommets de l'eSport, CAPCOM s'est décidé à nous envoyer le cinquième volet. Peut-être un poil trop tôt. En effet, côté technique le jeu a beaucoup eu de mal à supporter les vagues de joueurs au lancement. Autre défaut (qui persiste encore à ce jour), celui de bugs dans les modèles 3D ; les cheveux longs des personnages s'enfoncent dans les bustes, et parfois ce sont même les jupes qui s'enroulent sur elle-même. En dehors de ce désagrément pas très aguicheur, on regrettera également le manque de transitions dans les niveaux. Seul celui d'un ersatz de ruelle chinoise peut se vanter d'en avoir une (vous pouvez envoyer l'adversaire dans un resto traditionnel et continuer la baston à l'intérieur). Hormis ça, le jeu est relativement beau et les animations des coups spéciaux et autres Critical Art plus ou moins bien foutus. Le chara-design des personnages a été amélioré dans son ensemble, à l'image d'un Ken plus occidental ou d'un Birdie devenu un comic-relief. Côté nouvelles têtes, si on appréciera le déjanté F.A.N.G et le tribal Necalli, on sera beaucoup moins charmé par [le jet pack et les sandalettes de] Rashid ou encore de l'insipide Laura. Dernier point extrêmement positif, le HUD est plus léger et prend donc bien moins de place.
De quoi vous faire devenir polygambattant
Qu'on aime ou non la direction artistique de Street Fighter V, ce qu'on désire savoir avant tout reste le gameplay. Même si l'on pourra pester envers ses légendaires huit frames volontaires, nul ne peut nier que CAPCOM a réalisé le tout avec brio. Que ce soit le rythme bien plus agressif que dans les différentes itérations du IV ou dans le style de jeu des combattants, on a de quoi être charmé. Exit donc les phases de défense interminables ! la barre de stunt récompense grassement les joueurs violents qui aiment mettre de la pression, quitte à se faire sévèrement punir s'ils n'enchaînent pas bien. De même, les joueurs appréciant le spam seront plus facilement sanctionné, à travers des fenêtres de récupération plus longues. Enfin, si Ryu et Ken restent toujours très similaires dans leur approche, CAPCOM s'est enfin décidé à donner une vraie personnalité à ses personnages ; Ibuki est devenue une vraie ninja avec un arsenal adéquat, Rashid peut booster ses coups à travers une tornade qu'il a précédemment formé, F.A.N.G gratte ses adversaires et se montre imprévisible, tandis que Birdie s'empiffre pour joncher le sol de détritus et enchaîner sur des choppes aux chaînes et des coups de boules surprenants.
Super Mega Ultra Giga Street Fighter V Arcade Overkill Survival Edition
Côté contenu, beaucoup ont pesté sur le manque cruel d'activités. Il faut dire que le jeu est résolument tourné vers l'eSport, mettant de côté les joueurs solitaires. Les histoires personnelles ne servent qu'à gagner de la monnaie virtuelle, le mode survie est lourd et mal dosé et les défis sont finalement vite torchés. Une histoire pleine de cinématiques a été ajoutée il y a peu ; le scénario est bordélique et tire beaucoup sur la corde shônen, tout en laissant plus de questions que de réponses aux joueurs. Un mode arcade est prévu pour on ne sait quand... toutefois, il est difficile d'en vouloir à un jeu de versus fighting, dont le but est de se mesurer aux autres, que ce soit en ligne ou tous ensemble dans un canapé. Un point très important : Street Fighter V n'aura pas d'autres itérations (Super, Ultra, etc...). En revanche, chaque année de nouveaux personnages, costumes et terrains s'ajouteront en DLC. Des DLC payables en monnaie réelles... ou virtuelles ! La Fight Money (c'est son nom) est difficile à acquérir et en attendant le mode Arcade ou les missions journalières, beaucoup passent par des systèmes de triche, eux-même utilisés par les pros afin de tout posséder lors des EVO. Une sacrée hypocrisie générale. Le point positif de n'avoir qu'une seule version d'un jeu, c'est d'avoir un suivi sur plusieurs années qui augmentera grandement le contenu présent. En attendant, il faudra patienter.
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Gameplay accessible mais profond
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Volonté d'en faire un jeu eSport
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Unique itération du jeu
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Les personnages, presque tous uniques
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L'OST géniale
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Peu de modes solo
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Les rares bugs des modèles 3D
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La difficulté pour gagner (légalement) de la monnaie virtuelle